''L'amour c'est pas censé faire mal.'' Troisième partie - Ça se gâte

Publié le par Pepper

''L'amour c'est pas censé faire mal.'' Troisième partie - Ça se gâte

Ça fait maintenant environs un an que toi et ton chéri vivez ensemble, la routine est bien installée, acquise. Tout est stable, tu dors enfin tes nuits, l'insomnie ayant décidé d'aller emmerder quelqu'un d'autre et ton chéri aidant.

 

Votre relation est encore plus forte qu'à ses débuts, vous avez atteint un degré d'intimité total; vous pouvez continuer à jaser même en allant faire un numéro deux; lui s’assoit sur le bord du bain ou vice-versa, vous rotez et pettez et c'est hilarant; c'est à celui qui fait le plus gros. Il est capable de te raser les jambes et tu l'as ''aidé'' à faire pipi en la tenant pour lui au moins une fois pour voir si tu étais capable de viser le milieux de la cuvette, des trucs comme ça... Et côté sexuel, chacun connaît le corps et les réactions que telle ou telle caresse déclenche chez l'autre comme le fond de sa poche. Il a caressé et aimé des parties extrêmement intimes de ton corps, de celles que tu n'avais jamais laissé personne toucher avant lui. La fusion entre vous deux est totale. Tu sais que tu ne pourras plus jamais vivre sans lui. Tu aimes même ses défauts! Tu sais au plus profond de toi que rien ne te fera jamais l'abandonner; tu sais maintenant qu'il a subi des épreuves dans sa vie et qu'il a été abandonné à son sort par ceux qu'il aimait. JAMAIS tu ne lui fera ce coup-là. Peu importe les épreuves qui se présenteront dans votre vie, tu sais que vous allez réussir à les surmonter ensemble. Tu ne feras pas ce que sa famille lui a fait. Cette période dans un couple est magique.

 

Tu vas parfois visiter ta famille, tes parents. Tu vas chez eux pour que ton amoureux puisse se reposer au calme à la maison car sa semaine l'a brûlé. Tes parents te reprochent gentiment de ne plus venir les visiter aussi souvent qu'avant, te disent qu'ils s'ennuient de toi, qu'ils ne te voient plus. Cela te met quand-même un peu mal à l'aise et tu t'efforces de justifier que tu as besoin de passer ton temps avec ton conjoint, qu'il travaille la semaine (comme tout le monde, eux inclus) et que quand il est là la fin de semaine, vous avez envie de vous voir et de faire des choses juste vous deux. Tes parents te répondent qu'ils comprennent et que c'est ton bonheur qui est important. Après le souper, ton père t'offre de l'accompagner prendre une marche ''pour digérer'' et promener le chien. Tu acceptes avec plaisir; tu adores ton père. Avec lui, ce n'est pas nécessaire de parler pour passer un bon moment. Et tu as toujours été une fille à papa! Vous marchez pendant une bonne heure avant d'entamer le chemin du retour. Vous avez rigolé une bonne partie de votre promenade et pendant l'autre moitié, vous avez gardé le silence, vous contentant d'apprécier le moment présent et de regarder le paysage. Soudain, ton père te demande plus sérieux: ''Tu sais que je t'aime très fort?'' et toi, naturellement tu lui réponds que oui et tu l'assure que tu l'aimes tout autant! Puis, ton papa te dit: ''Je serai toujours là pour toi. Je veux être certain que tu le saches. S'il y avait quoi que ce soit, dis moi que tu m'en parleras.'' Tu te mets à rire en disant que tu le sais très bien qu'il sera toujours là pour toi et tu lui dis encore en riant de ne pas s'en faire, que ta vie va extrêmement bien, que ton chum est merveilleux et que tu ne veux pas qu'il s'inquiète pour toi. Ton père, devant cette réponse se contente de te serrer l'épaule affectueusement puis de dire que vous êtes mieux de vous dépêcher à rentrer avant que ta mère n'appelle la Gendarmerie Royale. 

 

Depuis quelques temps, à la maison, quand tu rentres de travailler le soir, ton conjoint est un peu bête, il a l'air contrarié. Cela est inhabituel, et quand tu rentres toute contente comme d'habitude et qu'il te reçoit de cette manière un peu froide, comme juste pas de bonne humeur, c'est comme de recevoir une claque dans le visage, ou un seau d'eau froide. Il finit par te raconter qu'il se sent maussade parce qu'il vit beaucoup de frustration au travail et qu'une fois rendu à l'appart, il continuait d'y penser malgré lui; ça le rendait de mauvaise humeur. Pour l'aider à passer par-dessus cet état d'esprit, vous jasez beaucoup de ce qui le contrarie ou l'enrage à son travail. Tu te dis qu'en l'écoutant ''sortir le méchant'', ça le soulagera et qu'il redeviendrait de bonne humeur plus rapidement. Ça lui fait effectivement du bien et son humeur s'améliore pendant quelques semaines. Mais les frustrations sont trop grandes pour qu'il soit capable de passer par-dessus à long terme. Éventuellement, même si tu l'écoutes en parler, ça ne change plus rien; il est malheureux. Et grognon. Par respect pour lui, tu as pris l'habitude de revenir de tes sorties ou du travail plus calmement. Tu l'embrasses et va t'occuper à faire autre chose et tu fais attention de ne pas trop lui parler pendant qu'il joue à son jeu vidéo pour ne pas le déconcentrer, ce qui le mettrait inutilement encore plus de mauvaise humeur; pour le moment au moins, ce n'est pas toi qui est la cible de sa contrariété. Tu lui donnes le temps de s’accoutumer à l'idée que tu es de retour et que tu occupes de l'espace dans l'appart. Inévitablement, il finit par se dérider et venir te donner des bisous et te demander comment a été ta journée. Si ça ne prends que ça pour qu'il soit bien, on s'en fou de lui laisser le temps de revenir de sa journée! Ce n'est absolument pas un problème pour toi. De toute manière, tu mets cette période à profit pour faire le souper. La vie continue donc aussi stable et intime que d'habitude. Tu finis par t'habituer à cette nouvelle disposition mineure, tellement, que tu ne t'en rends même plus compte! Tout fonctionne bien comme ça de toute façon! Deux mois plus tard, cependant, un petit incident s'est produit qui a craquelé un tout petit peu votre bonne entente. Cet après-midi là, ta mère avait acheté quelques trucs pour te faire plaisir et elle voulait venir te les porter quand tu reviendrais de travailler. Cette journée là, tu finissais avant ton conjoint, alors il n'y avait pas de problème pour que ta mère vienne te voir pendant quelques minutes avant que ton conjoint n'arrive lui aussi du travail! Yé!! Tu es tellement contente! C'est toujours le fun de se faire acheter des trucs! Enfin, la journée se termine, tu rentres à la maison et ta mère vient te rejoindre. Elle t'a acheté deux chandails, des sandales et une jupe!!! Trop cool!! Et, en connaissant tes goûts, elle t'a acheté un beau tableau encadré pour ton salon! On dirait que c'est Noël, tu es vraiment contente! Tout te va comme un gant, et tu as hâte de montrer le tableau à ton amoureux pour qu'il l'installe dans le salon! Avec l'essayage du linge, la conversation sur les dernières péripéties de ta soeur et un café de dernière minute, tu ne vois pas passer le temps, et finalement, ton conjoint arrive de son travail et ta mère est toujours là, installée devant un café à la table de la cuisine. Oups! Mais ce n'est pas grave, ça n'arrive jamais, ce n'est pas un drame. Mais là, quelque chose d'inusité arrive: ton chum a l'air froid, salue brièvement ta mère puis annonce qu'il s'en va prendre sa douche. Il tourne les talons sans regarder en arrière et s'en va. Ta mère est un peu dépitée de ce manque d'égards et devient silencieuse. Toi, tu es tellement mal à l'aise que tu ne sais plus où regarder ni quoi dire. Vous vous rasseyez dans la cuisine, mais ta mère ne cesse de regarder sa montre et a l'air ailleurs, inattentive. Il est clair qu'elle sent qu'elle dérange et qu'elle est mal à l'aise. Toi, tu as un gros trou noir en dedans et tu ne sais plus non-plus de quoi parler. Le malaise devient tellement épais, surtout suite au fait que ton conjoint, après être sorti de sa douche, s'est enfermé dans votre chambre et n'en est pas ressorti, que ta mère, finissant par prétexter une occupation quelconque, a versé son reste de café dans l'évier et t'a donné un câlin en parlant trop et en riant trop fort aussi avant de s'éclipser.

 

À ce stade, tes émotions tourbillonnent en dedans de toi; la colère, l'indignation, de la peine car ta mère a vraisemblablement été blessée par l'attitude de ton conjoint, la peur que ta mère ne se croit pas la bienvenue chez vous, etc....  Tu es vraiment en colère et tu vas lui dire ta façon de penser à ce malotru qui a pris la place de ton amoureux!!! Il y a quand-même des limites à être frustré de sa journée! Tu entres dans ta chambre pour lui dire ce que tu penses. Pendant que tu exposes tes sentiments, il se contente de fixer méchamment le mur devant lui puis, quand tu te tais, il te réponds simplement qu'il n'en a rien à foutre de ce que ta mère a pu penser, qu'il est chez lui et que de toute façon, c'est ta faute; tu sais très bien qu'il ne veut pas personne chez vous quand il arrive. Tu lui a manqué de respect en ayant invité ta mère à cette heure là. Tu n'avais pas vu les choses sous cet angle, et tu finis par t'excuser. Pour lui redonner le sourire, tu te dis que tu vas lui faire un bon souper et qu'après avoir fait la vaisselle, tu le ''gâtera''. 

 

Après cet incident tu te rends compte que tu t'excuse souvent, comparé à lui. Tu te rends compte que tu fais beaucoup plus de sacrifices pour le bien-être de votre couple que lui. Graduellement, tu deviens moins flexible et tu te renfrognes. À chaque fois que tu essaies de lui parler de quelque chose qui te fait suer, ou de quelque chose qui en marche pas dans votre couple, invariablement, la faute te retombe sur le dos et tu t'excuses. C'est jamais lui qui est dans le tort. Vient un moment ou, quand tu rentres du travail et qu'il est de mauvaise humeur, tu n'as plus envie de lui remonter le moral et à vrai dire, tu t'en fiches. Lui se fou bien de comment a été ta journée; il ne te le demande jamais. Il ne parle que de lui. Alors, tous deux de mauvaise humeur, vous vous ignorez le reste de la soirée et tu te permets même de le remettre à sa place une couple de fois. Tu vis mal cette situation et tu aimerais en parler, mais ça fait tellement longtemps que tu n'as pas appelé tes amis que tu es mal à l'aise de les appeler random tout d'un coup. Quant à tes parents, avec ce qui est arrivé avec ta mère il y a deux mois, tu n'oses même pas les appeler. Alors tu rumines tes sentiments, ta colère et ta peine toute seule et tu accumules. Vous finissez toujours par vous réconcilier, il s'excuse pour son attitude, puis ça redevient facile pour quelques jours. Cependant, depuis quelques temps, ton conjoint a pris l'habitude de boire un six pack de bières quand il revient de travailler la semaine car ça le détends de toutes les frustrations qu'il vit au travail. Il redevient colleux, affectueux et te traite comme une princesse à nouveau. Ça faisait si longtemps que tu n'avais pas été si heureuse!! Tu trouves même le courage d'appeler tes parents pour aller faire un tour et rendue là-bas, tu trouves toutes sortes d'arguments pour justifier l'attitude de ton conjoint la dernière fois que ta mère est venue. Tu te sens ensuite plus détendue, tes parents font semblant de croire toutes tes justifications et toi, tu fais semblant de croire qu'ils croient ce que tu dis. C'est plus facile pour tout le monde. 

 

Rendez-vous demain pour le quatrième partie de cette chronique intitulée ''L'amour c'est pas censé faire mal. Quatrième partie - Conclusion''

 

- Pepper

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :